Niger...
J'ai beaucoup scrappé hier... et je suis assez contente de moi... mais je ne peux rien vous montrer pour l'instant. Alors j'ai décidé de vous ramener... au Mali.
Mon récit d'aujourd'hui est celui de notre seconde journée. Il est un peu long je vous préviens, agrémenté de quelques photos.
Voici donc :
"Ce
matin, le réveil a sonné à 5h00. Nous quittons Mopti pour Tombouctou…en
pinasse. Il nous faudra quatre jours pour rallier Tombouctou.
Balla
a mandaté un chauffeur pour nous conduire au port. Le 4x4 est bondé de nos
affaires, du ravitaillement et de nous six. On s’arrête quelques instants aux
abords d’un hôtel. Quelqu’un monte dans le coffre !! C’est Akougnon Dolo,
notre cuisinier. Par commodité, on décide de reporter salutations et
présentations au port!
Là,
Sékou et Ablo, nos pinassiers, nous attendent.Papa et maman retrouvent avec
plaisir Sékou, qui a déjà partagé leur voyage l’année dernière.
On
embarque…c’est parti!
Il
fait frais.
Il
est 6h30, mais le fleuve est déjà fort de son activité.
Il
y a des pirogues partout. Ce
sont les pêcheurs Bozos. Ils
lancent leurs filets. Leurs
gestes sont précis et gracieux.
Le
spectacle nous enchante!
Les
rives du fleuve sont peuplées de nuées d’oiseaux de toutes sortes : hérons
cendrés, hérons pourprés, hérons crabiers, aigrettes, aigrettes dimorphes, martins
pêcheurs, coucals du Sénégal, guêpiers de Perse, rollier d’Abyssinie… ; de
rapaces également : balbuzards pêcheurs, milans noirs, circaètes Jean le
Blanc…
Nous
avons même l’occasion d’observer de très près des aigles pêcheurs.
C’est
superbe.
Chaque
nouvelle observation fait l’objet d’une petite leçon personnalisée de la part
de papa ou de Marie, qui, plongés dans leur livre sur les oiseaux d’Afrique de
l’Ouest, nous expliquent leur habitat, leur robe et leurs habitudes… Chaque
hésitation quant à l’identité d’un oiseau fait l’objet d’une recherche commune.
…
Nous faisons une première escale dans le village de Saba. Dolo doit acheter des poulets pour ce soir.
La
pinasse accostée, une multitude d’enfants de tous âges nous assaille. L’arrivée
des toubabs est toujours une fête… Poussiéreux, pieds nus, la morve au nez, les
yeux vitreux, ils s’exercent au français (!): donne-moi le bidon ! T’en as
un bicou ? Donne-moi cadeau ! Donne-moi 100 francs ! Comment tu
t’appelles ?
Nous
partons en compagnie de Sékou au cœur du village, visiter la mosquée…un enfant
arrimé à chaque doigt.
De
retour à la pinasse, le ciel s’est habillé d’un voile de sable et l’horizon
s’est curieusement obscurcie. Ce sont les éleveurs qui rentrent le troupeau. Le
mouvement des bêtes soulève le sable.
C’est
particulièrement impressionnant.
…
Nous
sommes dans le delta intérieur du Niger et la navigation ne semble pas toujours
simple. Régulièrement le fleuve se divise. Parfois, ses bras ne semblent mener
nulle part. Chaque embranchement fait l’objet de nombreux pronostics. Nous nous
interrogeons alors sur l’aisance de Sékou : connaît-il le fleuve par
cœur ? ces chiffons disséminés au hasard de l’eau sont-ils des balises
dont il se sert pour naviguer ?
Il choisit d’emprunter les voies détournées et le spectacle qu’il nous offre en cette fin d’après midi est enchanteur : les oiseaux se multiplient, les poissons frétillent par dizaine dans les nasses, sous les regards attentifs des martins pêcheurs.
…
Et
nous abordons le lac Débo en début de soirée. Le soleil a déjà presque disparu
et Sékou accélère. Nous devons arriver à notre point de bivouac avant la nuit,
à cause des hippopotames … et pour pouvoir accoster. Le lac, même s’il n’est
pas profond, est immense…et agité. Henri et moi sommes trempés et avons froid!
Comme
le soleil est couché et que nous sommes toujours sur le lac, Sékou, je crois,
décide de prendre un raccourci ; il coupe à travers la végétation. Mais l’hélice du moteur se prend dans un
filet…et fatalement…le moteur s’arrête !
Ablo
se met à l’eau. A la force de ses bras, il tente de nous sortir de ces herbiers
propices aux hippopotames. Sékou se défait patiemment de son filet.
Derrière
nous, maman et Jean Paul s’agitent et
multiplient les hypothèses : il ne faudrait pas qu’un hippopotame nous
surprenne ! Je crois qu’on va dormir sur la pinasse ce soir !
Henri
et moi restons silencieux. Je sais que sur l’eau, il ne m’arrivera rien !
Dolo
prépare le repas.
…
Le
moteur redémarre.
C’est
reparti !
Nous
approchons lentement de notre point de bivouac, mais il fait nuit et les bancs
de sable sont difficiles à repérer. Ablo et Sékou ont du mal à diriger la
pinasse et tentent à plusieurs reprises d’approcher le bord. Invariablement, la
pinasse s’ensable !
Nos
trois maliens s’agitent : Dolo semble en colère, Sékou est préoccupé et
Ablo tire et retire inlassablement notre pinasse dans un sens puis dans
l’autre.
Finalement
Sékou nous avoue, contrit, que pour ce soir, nous n’irons pas plus loin. Nous
sommes à 150 mètres de la rive, nous avons de l’eau jusqu’à mi-mollet…et le
seul moyen d’atteindre le bord…c’est à pied !
Nous voilà donc, à 9 heures du soir, en slip, nos sacs sur le dos, à patauger dans l’eau glacée du lac Débo ! Maman nous avait promis l’aventure… Nous avons l’aventure ! Mais j’ai toujours aimé patauger dans l’eau et l’incident m’amuse beaucoup ! J’arrive sur la rive guillerette et ragaillardie par l’eau fraîche…déçue que cela ait été si bref et impatiente de recommencer le lendemain !"
Bonne journée !!