Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
G des Idées
Newsletter
Archives
13 septembre 2008

Dernier jour de pinasse...

Et si nous retournions une dernière fois sur le fleuve ?

...


J’ai mal dormi cette nuit.

E___Sur_les_rives_du_fleuve_Niger___Coucher_de_Soleil_02

 

Il y a d’abord eu le vent, puis ce bruit étrange et répété, tout proche de la tente.

J’ai réveillé Henri. Il n’avait rien entendu et ne semblait pas dans les meilleures dispositions pour calmer mes angoisses.

Il a cependant entrepris, sans conviction, de me rassurer vaguement en m’assurant qu’il s’agissait d’une vache.

J’ai passé le reste de la nuit à épier le moindre bruit et à surveiller que cet animal mystérieux ne s’approche pas plus.

 

Je me reposerai sur la pinasse.

 

Nous quittons Tignankour au lever du soleil.

 

Proche de l’îlot d’en face, je vois enfin ma vache.

Elle n’est pas seule…il y en a six… d’un genre plutôt aquatique d’ailleurs !

C’est en réalité une famille…d’hippopotames !

Nous sommes fous de joie.

Sékou s’approche et voilà ces six pauvres « créatures de Dieu » projetées sans préavis sous les feux de la rampe !

Les malheureuses sont méfiantes ; elles nous observent du coin de l’œil.

 

Ablo se méfie aussi : il connaît les hippopotames ; il sait que s’ils ne sont pas foncièrement méchants, ils peuvent, par leur puissance faire chavirer les pinasses et provoquer des dégâts matériels et humains irrémédiables.

Il a peur et demande à Sékou de s’éloigner.

Dsc_1722a

 

Le fleuve est très large et toujours agité, ce matin.

Il y a beaucoup de vent.

De nombreux rochers rendent la navigation difficile.

Sékou ralentit.

Ablo, fidèle à son poste avant, le guide par de petits gestes discrets de la main, presque imperceptibles à nos regards non avertis.

Nos deux pinassiers, forts de leur longue association sur le fleuve, redoublent d’attention et coordonnent leurs efforts pour éviter les obstacles tout en préservant notre bien être.

I___Sur_les_rives_du_fleuve_Niger___Pinasse_20

 

Souhaitons que tout cela ne perturbe pas trop leurs prières.

Depuis lundi, ils n’en ont manquée aucune.

Ablo et Sékou sont très pratiquants.

 

Chaque jour, à l’heure venue, Ablo a quitté chèche et bonnet rose pour faire ses ablutions et prier discrètement.

Il a alors relayé Sékou à la barre pour lui permettre de faire de même.

 

 

Deux énormes hippopotames se dissimulent parmi les rochers, un couple selon Dolo.

Hier nous désespérions d’en voir.

Aujourd’hui, nous sommes comblés.

Papa et maman sont ravis : ils ont largement de quoi rendre verts de jalousie quelques Altkirchois de leur connaissance.

 

Nous n’avons pas trouvé de poisson pour le repas de midi.

Nous sommes le premier jour de Tabaski et les pêcheurs sont tous en prière.

Dolo décide alors de faire escale dans un village pour acheter…des poulets !

 

Le poulet malien est un animal vif et musclé.

Il ne se laisse pas prendre facilement.

Bientôt, c’est tout le village qui se lance dans une folle poursuite.

Deux pauvres volatiles, certainement moins lestes, finissent par se faire prendre.

Ablo les égorgent sur la plage, mais l’un d’entre eux lui échappe et le pauvre oiseau, tête branlante, se précipite à l’eau via les jambes d’un enfant qui, effrayé, bondit en hurlant.

 

En fidèle amie des bêtes, je refuse bien sûr d’assister à la scène. Mais les mots amusés de mon père m’interpellent : « Putain, le poulet va prendre un bain !!! »

J’assiste alors, impuissante et résignée, aux derniers battements d’ailes de l’oiseau, qui désespérément gaspille son dernier souffle de vie à tenter de sortir son bec de l’eau !

08___Mali___Poulets

 

Il est 14h00.

Nous abordons Korioumé.

Là s’arrête notre voyage en pinasse.

 

Nous quittons nos deux pinassiers avec quelques regrets.

Sékou et Ablo reprennent le fleuve ce soir.

J’ai la sensation que nos vacances s’achèvent une première fois.

 

Sékou, qui n’a pas de sac de couchage, demande discrètement à maman de bien vouloir lui en envoyer un à son retour en France.

Elle lui donne rendez-vous à l’hôtel Byblos à la fin de notre séjour : papa lui donnera le sien.

 

Le taxi pour Tombouctou est prévu pour 16h00.

Nous occupons notre avance à observer les allers et venues du port.

 

Une pinasse de touristes néerlandais débarque. Ils doivent être une trentaine. Leur organisation, typiquement nordique, nous fait sourire : en file indienne, ils se passent leurs bagages de la pinasse aux taxis.

 

Un vieux couple d’étrangers embarque : monsieur cherche son yacht, madame est hautaine avec les enfants. Leur allure de bourgeois étriqués nous fait rire.

Les chauffeurs de taxis s’amusent avec insistance, à réclamer à un enfant sourd et muet, le ballon neuf qu’il vient de recevoir pour avoir rendu service à un pinassier du port. Il se défend courageusement, mais il a peur et nous quitte en pleurant. Marie, Henri et moi sommes agacés.

 

Notre attente est aussi l’occasion pour quelques enfants du village de venir nous saluer.

La valse des questions reprend.

L’un d’entre eux semble particulièrement espiègle. Son camarade de classe nous explique, moqueur, qu’il est le cancre de l’école.

Nos quatre instituteurs à la retraite ne sont guère étonnés : il en a bien le profil !

 

Henri se retrouve à la tête d’un joyeux petit groupe qui s’applique à lui prouver son savoir sur un vieux carton d’eau minérale, qui, faute d’avoir été vendu, sert maintenant de cahier d’écolier.

Chacun y appose son nom, soigneusement orthographié.

 

Un adolescent en vélo m’interpelle : contre argent comptant, il me ramène les deux hippopotames qui prennent le soleil dans le port.

Je suis d’accord, … mais qu’il me les mène, nous discuterons du prix ensuite !!

Il se sauve en riant.

 

Notre taxi arrive enfin.

Dolo monte avec nous.

Notre association prendra fin à Tombouctou.

... 

Ainsi s'achève notre prériple en pinasse. La prochaine étape nous mènera à Tombouctou pour plusieurs jours...

Bonne journée !!!


Publicité
Commentaires
M
j'aime toujours autant ce récit, qui me replonge dans mon vieux voyage...<br /> Marrant, je connais bien Altkirch, j'y ai joué au handball pendant des années !
Répondre
S
c'est toujours un plazisir de lire cette épopée, un régal !!!..;-D<br /> Quel voyage ce du être !!!!..;-)
Répondre
K
un beau récit au fil de l'eau... j'attends Tombouctou avec impatience!!! Une ville dont le nom me faisait (encore d'ailleurs...) rêver!!!<br /> Biz
Répondre
B
J'aime beaucoup "le poulet qui prend son bain !..."
Répondre
F
Tu me transporte avec tes histoires .. c'est absolument divin de te lire !<br /> Bizzzzzzzz
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 704 497
Publicité