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G des Idées
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17 novembre 2008

Tombouctou...

Petite pause créative aujourd'hui... retournons plutôt au Mali.

Souvenez-vous, la dernière fois, nous arrivions à Tombouctou.

...


"Chez Asco, à Tombouctou, nous sommes accueillis par sa maman, sa femme, Fatouma, et ses cinq enfants, Omar, Tonton, Nouma, Baba et la petite Youma.

Asco est parti à notre rencontre. Il ne tardera pas à revenir.

 

Ce sont ses enfants et son jeune frère qui nous aide à décharger nos bagages.

 

La maison est très grande.

Nous y pénétrons par la pièce réservée aux anciens. Celle-ci est occupée par la maman d’Asco. Elle est sombre et vétuste : des nattes au sol, un banc de bois et deux chaises basses. Mais la télé y chante joyeusement dans un coin !

Suivent deux cours carrées.

La seconde est l’artère centrale de la maison ; elle est bordée d’un vestibule, de trois chambres, de la salle de bain, de la cuisine et du salon.

Un escalier permet l’accès à la terrasse.

 

Nous envahissons le salon à grand bruit, sous le regard satisfait de Fatouma.

08___Mali___Tombouctou___03

 

C’est une haute et vaste pièce, sombre et fraîche, qu’Asco a réaménagée pour notre venue : les murs ont été fraîchement repeints en vert. Ils sont agrémentés des quelques photos. Une grande natte couvre le sol. Quatre épais matelas de mousse rouges bordent les murs. Soigneusement protégé par un drap, le précieux ordinateur d’Asco trône dans un coin, sur un petit bureau !!

Pour nous faire patienter, en attendant l’arrivée d’Asco, son jeune frère nous allume la télé !!

Fatouma nous observe en souriant. Elle ne parle pas le français et la communication est difficile.

La petite Youma, 16 mois, est méfiante.

Dans les bras de sa maman, elle nous sourit et nous salue, mais elle ne se laisse pas approcher.

Sans doute est-ce la première fois qu’elle rencontre les toubabs et notre couleur semble l’intimider !

 

J’essaie de l’apprivoiser avec l’ours en peluche que nous lui avons ramené, mais elle a peur et se blottit profond dans le giron de sa mère amusée.

Son frère Baba est moins timide. L’objet l’intéresse et il se l’approprie rapidement.

 

Nous rencontrons enfin Asco, cet homme dont nous avions si souvent entendu parlé qu’il nous semble déjà un peu le connaître.

Il est grand et mince.

Et dans son regard plein de malice se lisent à la fois la satisfaction et la joie qu’il éprouve à nous accueillir.

 

Il semble particulièrement heureux de retrouver maman… et papa, surtout, qu’il étreint fraternellement.

Depuis plusieurs mois, ils correspondent régulièrement sur Internet, renforçant ainsi les liens qu’ils s’étaient crées lors de leur rencontre un an auparavant.

 

Fatouma a préparé un couscous.

Nous nous installons tous à terre, autour d’une nappe à l’effigie de Mercedes !

Et Mama, l’ami de Tonton, nous présente une cuvette originale, spécialement conçue pour se laver les mains.

 

La tradition malienne impose de manger dans un plat unique avec les mains.

La technique n’est pas simple et c’est avec quelque appréhension que nous abordons ce premier repas.

Heureusement, notre hôte nous propose naturellement des fourchettes.

 

Ce bien curieux goûter est excellent…et le poulet de midi semble finalement bien loin !

Faire honneur à la cuisinière est tâche facile…on mange naturellement sans faim !

 

Le repas achevé, Tonton et Mama débarrassent.

 

Puis Tonton, en maître de cérémonie avisé nous prépare le thé, sous le regard attentif de son papa.

 

Au Mali, toute occasion est prétexte à boire un thé.

Religieusement préparé sur un petit brasero, il nécessite expérience et savoir-faire.

Le préparateur doit avoir la main pour doser graduellement les trois verres que chacun boit successivement.

Le premier verre est à peine sucré, il est très fort et très amer ; le second est plus doux ; le troisième comporte plus de sucre que de thé.

08___Mali___Tombouctou___02

(Sur cette page, il s'agit de Baba, le dernier garçon de la famille, et non de Tonton)

On dit traditionnellement de lui que : le premier est amer comme la mort, le second, doux comme la vie, le troisième sucré comme l’amour.

 

La séance est traditionnellement longue.

Elle est l’occasion de nombreux bavardages.

Fatouma nous a enfin rejoint avec la petite Youma et Baba.

Elle a le même âge que moi, mais elle a cinq enfants et moi je n’en ai pas.

Elle est donc naturellement mon aînée en maturité et …en sagesse.

08___Mali___Tombouctou___04

 

 

Dans le cadre d’un jumelage entre le lycée Saint Joseph de Voiron et celui de Tombouctou, un échange a été organisé l’automne dernier.

Asco y a participé.

Maman lui demande ce qu’il n’a pas aimé en France.

Il ne sait que lui répondre : il a trouvé la région très belle, il a très bien mangé, les Français ont été très hospitaliers !!

Il souhaite pouvoir y revenir bientôt.

 

 

Asco nous offre ces fameuses chaussures dont nous avons si souvent entendu parler depuis que nous préparons notre voyage.

Ce sont des tongs tombouctiennes en cuir brodé.

Elles sont superbes mais un peu serrées.

Cela ne semble pas un problème pour lui.

Il retournera demain chez le cordonnier pour qu’il nous les détende un peu.

Maman en profite pour lui en commander trois paires supplémentaires pour François, Estelle et Florian.

Asco en commandera également deux paires pour Jean Paul et Marie.

 

 

C’est le moment de partager nos chambres.

Quatre d’entre nous dormirons au salon.

Deux autres auront une chambre individuelle.

Marie, dans un soucis de ne pas déranger, propose qu’elle et Jean Paul s’isolent.

Jean Paul ronfle la nuit et incommodera incontestablement ses camarades de chambre.

Mais par une habile pirouette de maman, c’est finalement Henri et moi qui nous trouvons privilégiés.

 

Avant de transférer nos bagages, nous offrons à Asco ce que nous lui avons ramené de France : deux graveurs, des CD roms, un téléphone portable, une clé USB et du parfum pour Fatouma

Le reste arrivera avec le conteneur d’Awa au mois de février.

 

Nous lui proposons également de participer aux frais de notre séjour.

Héberger et nourrir six personnes plusieurs jours, n’est pas une tâche facile pour une famille malienne.

Les revenus sont bas, les bouches à nourrir nombreuses. En quelques minutes, j’ai compté une douzaine de personnes autour de nous, et toutes sont à la charge d’Asco.

Après réflexion, il nous demande 45 Euros par couple pour les quatre jours que nous passerons chez lui. Cette bien modeste participation nous permettra d’être plus à l’aise et de profiter sans trop de scrupule de son hospitalité.

 

Vient l’heure tant attendue de se laver enfin !!

Les sanitaires sont particulièrement sommaires : un trou dans le sol pour les toilettes, un pommeau en alu pour la douche, un miroir brisé incrusté dans le mur dans un petit réduit carré aux parois cimentées. Mais qu’importe le confort lorsque l’on s’est contenté quatre jours durant d’une bouteille d’eau minérale dans un coin perdu de la dune !! C’est donc avec grand entrain que nous partons deux par deux, dans un soucis d’économie, nous ébattre gaiement …sous un jet d’eau froide.

 

 

Dès notre arrivée, nous avons avisé Asco de notre volonté de nous faire confectionner des vêtements.

Il nous a alors proposé de faire venir son tailleur.

Après le repas, Fatouma nous a porté plusieurs coupons de tissu pour que nous puissions faire notre choix.

 

Et au retour de la douche, le tailleur nous attend déjà !!

Maman lui commande deux chemises et un boubou.

Elle lui en fournit les modèles.

 

Henri et moi aimerions chacun un ensemble traditionnel.

Il prend nos mesures : celles d’Henri sans jamais les noter, les miennes…de loin, d’un œil expert.

Rien ne lui pose problème, tout sera fait selon nos désirs !

 

Je doute un peu des ses méthodes et je suis particulièrement impatiente d’en voir le résultat.

Je comprends qu’en Afrique, que l’on soit petit ou grand, maigre ou gros, les tailles sont uniques et qu’il appartient à chacun de s’y adapter ensuite en fonction de sa corpulence !!!

 

 

Asco semble déçu : il vient de transférer sa carte SIM dans son nouveau téléphone et celui-ci ne fonctionne pas.

Je lui explique qu’il faudra très certainement le débrider : en France l’accessibilité des portables est souvent rattachée à un seul opérateur, mais, pour quelques euros, il existe un moyen simple de débloquer les téléphones.

Nous nous en occuperons demain.

 

 

Il n’est pas encore 20h00 et la nappe réapparaît !Asco s’installe avec nous. Fatouma mangera plus tard avec les enfants.

08___Mali___Tombouctou___01


Apparaît un nouvel invité. C’est le chat. Il est roux, tout petit et tout maigre.

Pourtant Asco semble le nourrir grassement.

La petite bête apprécie autant que nous le mouton grillé que Fatouma nous a préparé !

 

Je suis étonnée de trouver un chat domestique dans une famille africaine.

Asco m’explique pourtant qu’au Mali, il n’est pas rare d’en trouver plusieurs dans chaque famille.

Lui-même les aime beaucoup.

Ce sont plutôt les chiens que les Africains apprécient moins.

Je me rappelle en effet avoir lu dans «  Almamy » quelques anecdotes surprenantes concernant les chiens en Afrique !!

 

Un nouveau thé est l’occasion de nouveaux papotages. Nous établissons le programme du lendemain, nous félicitons Fatouma pour sa cuisine, nous tentons toujours d’apprivoiser Youma.

08___Mali___Tombouctou___05

 

Puis chacun gagne progressivement sa chambre."

...

Les cinq pages présentées sont anciennes, elles appartiennent à l'album que j'ai confectionné à Asco, il y a trois ans, lorsqu'il est venu nous rendre visite en France.

J'ai bien changé de style depuis, mais je les aime toujours autant... pour ce qu'elles représentent.

Quant aux ouvrages auxquels je fais référence, il s'agit de "Almamy, une jeunesse sur les rives du fleuve Niger" et "Almamy, l'âge d'homme d'un lettré malien", deux recueils biographiques rédigés pour Almamy Maliki Yattara, grand maître coranique malien né dans les années 20 près de Tombouctou, par Bernard Salvaing historien et maître de conférence à la Sorbonne.

Bonne journée !

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Commentaires
B
Que du bonheur !... et le rituel de l'Ataya : j'ai eu la chance d'y goûter plusieurs fois au Sénégal : joli souvenir !...
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M
Quel talent de conteuse ! Je suppose que tu as adoré ce pays, ça se sent. Bravo pour ton mini album maki, il est trop beau ! C'est quoi le thème du prochain atelier ?
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N
que de beaux souvenirs mis en page, bravo!!
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P
j'avais fait un saut cet après-midi mais je suis revenue pour tout lire et je ne le regrette pas, c'est un beau et chaleureux récit!
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S
Ces écrits sont superbes et très joliments illustrés !! merci pour ce partage...
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